Correspondants et enseignants
Dans
les dernières décennies nous assistons au phénomène
passionnant de la transformation interculturelle grâce aux nouvelles
technologies. Il y a à peine quelques années, les immigrants
européens qui arrivaient en Amérique souffraient d’un bannissement
de leurs racines qui, dans la plus part des cas, les entraînait
au déracinement émotionnel et culturel. Pour eux, à
la difficulté des communications par la poste s’ajoutait le manque
de maîtrise de l'écriture. Les conférences téléphoniques
étaient chères et difficiles. Maintenant, nous voyons les immigrants latino-américains et africains se communiquer entre eux, des différents coins d’Espagne, grâce à leurs téléphones portables. Cela les permet de maintenir leurs traditions et de s’informer sur les endroits ou les conditions de travail sont les meilleures. Il est fréquent de les voir réunis les fins de semaine dans des parcs et des lieux de rencontre pour partager des repas traditionnels, écouter leurs musiques et de s’échanger des informations très utiles. Ceux qui arrivent, apportent des nouvelles des familles, sont porteurs de commissions et d'arômes connus. Ceux qui s’en vont, rapportent des informations de première main sur les conditions de travail, de logement, de couverture sanitaire, d’accès a l’éducation et des relations sociales qui découragent la prolifération des fantaisies ou les activités criminelles des gens sans scrupules. La majorité des femmes immigrantes qui arrivaient des pays latino-américaines étaient généralement employées dans le service domestique. Ceci les garantissait un logement et évitait des dépenses afin de pouvoir solder l’énorme dette contractée pour payer le passage. Peu à peu, les internes ont loué des appartements qu’elles partagent avec des amies ou des parents, et travaillent par heures dans différents emplois. Elles vivent dans leurs ambiances traditionnelles, utilisent les améliorations que la société d'accueil leurs offre et disposent d'un temps pour les loisirs, pour l'apprentissage d'une profession ou pour avoir des rentrées supplémentaires d’argent en travaillant par heures. Nous sommes déjà habitués à voir beaucoup de sud-américains parler par les téléphones publiques ou gérer les populaires cabines téléphoniques aux jours et à des heures au tarif réduit. Le pas le plus intéressant, on le constate dans les centres d'informatique où ils apprennent, à même temps que nous, à se débrouiller et a chatter avec leurs parents et amis. C’est un phénomène sociologique aux conséquences extraordinaires. Les immigrants maintiennent les liens familiaux, affectifs y sociaux avec leurs communautés, ce qui minimise le déracinement. Ils utilisent des systèmes modernes pour envoyer leurs économies sans passer ni par des institutions bancaires ni par d’autres intermédiaires. L'argent n’est plus confié aux amis ou aux connaissances qui voyagent, avec tout le risque que cela comporte, mais il est acheminé, tout simplement, par les techniques du clearing et des compensations en compte. Bref, ils profitent des avantages de la globalisation qui, jusqu'à présent, profitaient uniquement aux grands groupes financiers. Il s’est produit un fait d’une portée incalculable: les immigrants se sont transformés en des véritables correspondants depuis les pays européens envers leurs communautés d'origine. Leurs messages ont plus de fiabilité et ils utilisent un langage plus authentique que celui des medias. Dans beaucoup d’endroits d'Amérique latine il y a des communautés qui sont mieux informées de la réalité européenne que beaucoup de villages d'Espagne. C’est un phénomène que les gouvernements devraient encourager, puisque c’est le meilleur moyen d’intégration pour favoriser l'enrichissement mutuel entre des personnes d'ethnies et cultures si diverses. Cela donnerait lieu à une culture de la responsabilité y de la reconnaissance, à l’endroit de l’actuel attitude myope de méfiance et de rejet qui existe encore entre des personnes qui ont perdu le sens de l'histoire. Il y a un autre fait que nous devons suivre avec attention. Pendant des décennies, les populations latino-américaines ont vécu fascinées par le système de vie américain qui leur arrivait à travers les produits de Hollywood, surtout, du cinéma. Plus tard, c’étaient les feuilletons télévisuels qui sont très vite tombés dans l'orbite de Miami, de Venezuela, du Mexique ou du Brésil qui offraient la vie comme spectacle, mais, en réalité, inaccessible au commun des mortels. Cela contrastait avec leur réalité quotidienne et provoquait une énorme frustration. Le vrai processus de changement se produit parmi les immigrants qui arrivent en l'Europe et peuvent contraster la réalité avec la fantaisie offerte par les moyens de communication de masses. Elle peut continuer à les fasciner, comme il arrive à tant d'espagnols, mais ils ne courent plus le risque de la confondre avec la réalité ; celui qui a un poste de travail et accepte les règles du jeu, se fait responsable de son destin. Et il a le droit de jouir des mêmes privilèges que les autres citoyens. Les familles d'immigrants qui ont des enfants qui vont à l’école dans les pays d'accueil le constatent quotidiennement. En l’espace d'une génération, les jeunes atteignent l'intégration rêvée par leurs parents. Leurs signes d'identité se sont enrichis maintenant par les avantages indubitables du métissage culturel. Tout ce qui est métis éloigne les dangers de la xénophobie ou du racisme. Qui n'aimerait pas être le voisin de Zidane, de Roberto Carlos, de Jordan, de Denzel Washington, de Hale Berry, Whitney Houston, ou de tout autre icône sociale ? Ce n'est pas la couleur de la peau, la frisure des cheveux o l'ethnie originaire qui fait problème, mais plutôt l'éducation, le niveau social et l'égalité d'opportunités. Ni la nourriture, ni l'accent, ni les vêtements ni le lieu vers lesquels l’on oriente ses pratiques religieuses ont autant d’influence que l'éducation partagée, avec les jeux, les loisirs et les rêves d'un monde meilleure, plus juste et solidaire. Un autre aspect fondamental et touchant c’est le grand nombre de personnes âgées qu’on trouve dans les places publiques et les jardins, prenant un bain de soleil ou se promenant, accompagnées par des attentionnés amis boliviens o d'Équateur, péruviens ou de Saint-Domingue qui s'occupent d’eux. Ils leurs parlent, leurs sourient et leurs offrent le bras comme les fils et les petits-fils faisaient généralement avec leurs grands parents. Avant la vague de consommation qui confond la valeur avec le prix et qui ne trouve pas dans les soins aux grands-parents la productivité qu’impose le marché. Ce des employés qui aident les vieux à récupérer l’envie de vivre, qui agissent comme des parents, avec confiance et respect, et qui accueillent les vrais petits-fils, quand ils arrivent en visite, comme des véritables membres de la famille. Ces personnes, non seulement elles informent leurs gens et leurs transmettent notre situation, qui par ailleurs leur semble étonnante, mais elles nous aident, à même temps, à récupérer un style de vie, des manières, des valeurs et une tendresse qui paraissaient déjà oubliées. |
José Carlos Gª Fajardo
Traduit par Marcos Suka-Umu Uka