Lutter
pour la justice globale
Irène Khan,
secrétaire générale d'Amnistie Internationale, préface le Rapport avec un
texte splendide dont nous trions quelques idées pour des raisons d'espace.
"Si les gouvernements se servent des droits de l'homme comme un manteau qui peut être utilisé ou rejeté en fonction d'intérêts politiques -se demande-t-elle -, peut-on faire confiance à la capacité de la Communauté internationale des États pour faire réalité cette conception ? Et que peut faire la Communauté internationale des citoyens pour sortir les droits de l'homme de ce bourbier ?" " Les défis auxquels fait face aujourd'hui le mouvement global en faveur des droits de l'homme sont très grands ", continue-t-elle. "Comme activistes, nous devons affronter la menace que représentent les actes impitoyables, cruels et criminels par des individus et des groupes armés. Nous devons opposer résistance à la réaction contre les droits de l'homme due à l'application résolue d'une doctrine de sécurité globale qui a profondément divisé le monde. Et nous devons lutter pour mettre un terme à la passivité des gouvernements et de la Communauté internationale dans l'accomplissement des exigences de justice sociale et économique ". "Le programme de sécurité globale diffusé par l'administration américaine est dépourvu de principes et de perspective. La politique tendant à sacrifier les droits de l'homme au nom de la sécurité nationale, à fermer les yeux aux abus dans le reste du monde et à utiliser de manière préventive la force militaire partout où il conviendrait, n'a pas augmenté la sécurité et ne garanti non plus la liberté." "Nous assistons à la rébellion croissante en Iraq, le chaos chaque fois plus grand en Afghanistan, l'interminable spirale de violence au Moyen et Proche Orient, l'avalanche d'attentats suicides dans des villes populeuses du monde ". "L'utilisation d'un double langage discrédite les droits humains, - continue la Secrétaire Générale d'AI -, mais c'est un phénomène courant. Les Etats-Unis et leurs alliés ont affirmé qu'ils faisaient la guerre en Iraq pour protéger les droits de l'homme ; alors qu'ils ont ouvertement laminé les droits de l'homme pour gagner la "guerre contre la terreur". Ceux qui ont entrepris la guerre en Iraq ont soutenu qu'ils le faisaient pour réduire la menace des armes de destruction massive, mais le monde est plein d'armes conventionnelles et légères qui tuent plus d'un demi million de personnes par an. Pour aggraver les choses, sous prétexte de livrer celle qu'ils appellent "guerre contre la terreur", beaucoup de pays ont relâché le contrôle d'exportation d'armes à des gouvernements connus par leur néfaste dossier en matière de droits de l'homme, comme la Colombie, l'Indonésie, Israël et Pakistan. En situation de guerre ou de paix, le commerce incontrôlé d'armes représente le plus grand danger pour nous tous ". "Selon certaines sources, les pays en développement dépensent pour l'achat d'armes quelques 22milliards de dollars américains par an, alors que avec 10 milliards de dollars annuels, ils pourraient assurer une éducation primaire universel pour leurs peuples. Ces chiffres cachent un scandale énorme : la promesse non tenu de lutter contre la pauvreté extrême et de réparer les injustices sociales et économiques flagrantes ", - dénonce AI avec fermeté. "Selon quelques analystes, il existe un danger réel que la déviation de ressources et de l'attention internationale vers "la guerre contre le terreur "empêche d'atteindre les objectifs établis par l'ONU dans les Objectifs de Développement du Millénaire, comme la diminution de la mortalité infantile et maternelle, l'accès de tous les enfants à l'éducation primaire ou la réduction à la moitié du nombre de personnes qui ne disposent pas d'eau potable ". "Les pauvres et les marginalisés seraient ceux qui profiteraient le plus d'une application juste de la loi et des droits de l'homme, puisque c'est à eux qu'on refuse le plus souvent l'accés à la justice. (...) Dans la pratique on ne prête pas l'attention nécessaire aux droits économiques, sociaux y culturels, c' est pourquoi les droits de l'homme sont réduits à une approche théorique pour la grande majorité de la population mondiale ". "Pendant des periodes d'incertitude le monde a besoin de lutter non seulement contre les menaces globales, mais aussi pour la justice globale. Les droits de l'homme sont un étendard capable de mobiliser des gens partout dans le monde en faveur de la justice et de la vérité. Grâce au travail de milliers d'activistes en Amérique Latine, l'opinion publique est en train de se soulever contre l'empire de l'impunité dans la région. Malgré la croisade entreprise par Les Etats-Unis pour entamer la justice internationale et pour garantir l'immunité judiciaire de ses citoyens partout dans le monde, la Cour Pénale Internationale a déjà nommé un procureur et a commencé à travailler à plein rendement. Petit à petit, les tribunaux américains et britanniques ont commencé à examiner les tentatives de leurs gouvernements de restreindre les droits de l'homme dans leur "guerre contre la terreur". "Il n'y a pas de Communauté internationale plus forte que la société civil globale. Avec ses membres et alliés dans le mouvement en faveur le droits de l'homme, Amnistie Internationale s'est engagée à raviver y revitaliser la conception des droits de l'homme comme un instrument puissant dans la réalisation de changements concrets. À travers les voix et les perspectives de millions d'hommes et de femmes, nous porterons en avant le message des droits de homme ", - conclut Irène Khan, et nous, depuis le CCS,nous nous joignons pleinement à cette entreprise. |
José Carlos Gª Fajardo
Este artículo fue publicado en el Centro de Colaboraciones Solidarias (CCS) el 14/02/2005