Les Signes d'Identités des Peuples Africains
après le passâge des européens

Peut être que la nuit est arrivée à la moitié de son cours et que dans le comble de l’abaissement et de l’humiliation, se trouve la lumière d’une nouvelle aube pour ses peuples d’Afrique riches en êtres humains, en cultures et en traditions, en langues et en arts, en sagesse et en richesses naturelles. L’Afrique est l’un des continents qui le plus promet avec sa plus grande réserve de tout genre, même avec les critères anachroniques d’industrialisation occidentale qui arrive au crépuscule. Dans ses propres entrailles se trouve l’espoir de ce continent avec la géographie la plus varié et avec les peuples les plus riches et plurielles du monde (33). Ses leaders ne peuvent plus continuer à culpabiliser les anciennes colonies. Eux, les Africains d’aujourd’hui, sont les responsables de leur propre avenir. La Renaissance ne s’est pas terminée avec le crépuscule du Moyen Âge, ses hommes devraient imaginer une nouvelle société avec de nouveaux instruments. L’Âge Moderne n’a pas conclu avec l’Ancien Régime à travers la révolution nécessaire. Ce qui fût nécessaire, ce sont les vaillants efforts d’invention et de conception de l’avenir, de s’adapter au nouvelles nécessités, créer des outres pour le nouveau vin. La Révolution industrielle, comme auparavant celle de l’agraire, ne transforma pas la société sans le concours forcé de celle-ci et sans peu de peines, d’erreurs et de guerres, sans peu de fantaisies rompues, d’utopies avortées et de corruption des propres libérateurs. L’enseignement de l’histoire des peuples les plus évolués, équilibrés et progressistes s’est construit à partir de beaucoup d’efforts et beaucoup plus de vicissitudes que la récente histoire africaine d’à peine un siècle.
Il y a lieu d’espoir, c’est possible la renaissance d’une société en marche, plurielle et riche, dynamique qui s’appuie sur les meilleurs de ses traditions et de ses valeurs. Il ne s’agit pas de faire un saut dans le vide et d’imiter stérilement des peuples et d’autres sociétés. Il s’agit d’effectuer un voyage aux propres essences de l’Afrique elle même, et inventer des sociétés nouvelles dans un monde irrémédiablement et splendidement nouveau. Aujourd’hui, à l’aube de la mondialisation sous plusieurs formes avec les instruments techniques fabuleux mis au service des hommes et des peuples, un grand espoir et un lendemain meilleur sont déjà parmi nous. L’art ici c’est de se rendre compte, de se réveiller et d’être conséquents (34).
Maintenant que nous avons reconnu le lourd héritage qu’à laissé le colonialisme et la terrible charge du néocolonialisme masqué par des idéologies néolibéralistes, il n’y a pas de doutes que les dirigeants actuels Africains doivent assumer la quotte de responsabilité inévitable qui les correspond. Beaucoup de ces nouveaux pays ont accédé à leur indépendance il y a plus de trente ans. A condition d’approfondir leur passé créatif et riche, ils pourront dessiner un avenir imaginatif et pluriel sans oublier ce qu’ils ont pu tirer de positif des expériences passées. L’on ne souffre jamais en vain et tout vécu peut enrichir, même si seulement cela nous servirait de nous rappeler par oû l’on ne doit pas marcher de nouveau.

Sur le point de conclure son périple autour de l'Afrique, Peter Marshall a tenté d'interpréter ses expériences sur ce continent puisqu'il est nécessaire de comprendre les causes de ses difficultés actuelles avant de trouver des solutions à les résoudre (1). Il eut des idées qui me viennent à l'esprit comme des points de réflexions pendant mon voyage au cœur de l'Afrique (en busca de esas señas de identidad de pueblos que existían mucho antes de la llegada de los conquistadores, de los misioneros y de los colonizadores de Europa movidos por la convicción de que nuestra civilización era superior así como nuestra religión cristiana; sin olvidar los intereses económicos para abrir al comercio eeuropeo las inmensas materias primas y riquezas naturales)
qui sont différents des stéréotypes fixés, des lieux communs répétés que les médias réitèrent sans cesse dans le but d'endormir nos consciences et de nous faire croire en un fatalisme historique ou en une prédisposition raciale qui inhabilite les peuples Africains au développement intégral, en les considérant d'entrée de jeu en perpétuelle minorité d'âge: " comme ne sachant pas ce qui leurs convient et n'ayant pas la maturité nécessaire de prendre en main les rennes de leur destin, ils continuent d'avoir besoin de la protection et la tutelle de l'homme blanc". (Es este terrible prejuicio enocentrista lo que movió a las potencias europeas colonizadoras a considerarlos como atrasados, salvajes y objeto de su codicia. Aún los conquistadores musulmanes en el Oriente del continente sucumbieron a la ambición material al tiempo que difundían sus convicciones religiosas, o las imponían. Pero a nosotros importa seguir muy de cerca la impronta de
franceses, ingleses, portugueses, belgas y, en menor medida, alemanes y españoles, en esa larga relación de dominio que arranca del siglo XV y se extiende hasta bien entrado el siglo XX. Más aún, el cambio de mentalidad operado en las clases dirigentes africanas es la causa de que en nuestros días sean muchos de ellos el gran obstáculo para conseguir patrias formadas por pueblos que se encuentren en naciones. Que se organizarán, o no, en estados o en formas superiores de convivencia de acuerdo con la revolución de las comunicaciones, de la informática y de la digitalización que estamos viviendo y que hacen de las personas y de los pueblos auténticos protagonistas de sus destinos en comunidades globales, no precisamente globalizadas por la tiranía del pensamiento único en el que el mercado pretende ser el sujeto de toda relación social, reduciendo a las gentes a objetos de ese mercado y tratados como mercancías como lo expone con clarividencai y valor Susan George en The Lugano Report: On Preserving Capitalism in the Twentyfirst Century).(X)
Le grand expert en matières africaines, Basil Davidson, affirme que " l'expérience de l'Afrique et des peuples africains est unique et irremplaçable". Il paraphrase la Princesse Anglaise Marie Louise qui écrivit il ya 75 ans: " Cette terre est merveilleuse. Quelle est sa magie? Elle vous envoûte et, une fois qu'on a senti son puissant influx, on ne peut jamais l'oublier". Dans son livre Histoire d'Afrique (2), Davidson s'affronte avec bravoure et connaissance à ce que tant de personnes studieuses amies des peuples africains appellent " le grand malentendu". Tout en confondant mythes et réalités, les légendes se sont multipliées et d'une certaine façon ont servi de fondement à beaucoup d'attitudes de racisme moderne qui soutiennent que "les noirs par nature, sont inférieurs aux blancs", comme avait affirmé le philosophe Ecossais David Hume.

Avant de poursuivre, il faut dire une fois pour toutes que le racisme est antiscientifique parce qu'il part d'une prémisse fausse: l'application aux êtres humains de la division des "races" lorsque nous en faisons partie d'une seule.

Davidson recueille une série d'affirmations qui ont été transmises sans la moindre analyse critique depuis le XVIII siècle (3). Ainsi le philosophe Ecossais David Hume ajoutait sans la moindre connaissance: "jamais il n'y a eu de nation civilisée de pareille constitution, pas même un individu pourrait se faire distinguer par ses actes ou ses spéculations. Entre eux ils n'existe pas d'inventions ingénieuses, il n'y ni art, ni sciences…" Pas moins que le grand philosophe idéaliste Allemand, Frédéric Hegel qui écrivit en 1831 dans les Discours de la nation allemande : "l'Homme noir représente l'homme naturel dans son état complètement sauvage et indomptable. Il n'y a rien d'harmonieusement humain dans ce type de caractère. C'est dans cet état que nous abandonnons l'Afrique pour ne pas avoir à la citer; donc l'Afrique ne fait pas partie de l'histoire du monde." (4) Hegel n'avait jamais été dans le continent africain et n'avait jamais connu de personnes africaines qui n'étaient pas domestiques. Cette réalité était un lieu commun pour les européens et américains qui s'appuyaient sur l'autosuffisance de la révolution industrielle qui paraissait être le privilège des peuples de peau blanche. Ils passent sous silence l'apport incommensurable des peuples des autres continents au progrès de l'humanité dans ses civilisations diverses: les richissimes cultures Chinoises, Hindoues, Mesopotamiques et encore même les cultures précolombiennes sont reconnues parmis leurs grands apports. Quant à l' irréprochable civilisation Egyptienne il ya quelques années, personne ne la considérait africaine elle semblait contrairement être une espèce de galaxie extraterrestre.

Dans ce sens, il ne faut pas s'étonner, comme nous le verrons au long de notre réflexion, que les premiers explorateurs européens cultivaient ces idées disparates qui ont perduré jusqu'à nos jours, et que des professeurs comme le brillant Ki- Zerbo, de Burkina Fasso, dans son oeuvre Histoire d’Afrique, (5) et beaucoup d’autres démontrèrent combien ces attitudes étaient erronées. Il suffit de se rendre compte des textes de 1860 du fameux capitaine Richard Burton: “l’étude de l'homme noir c’est l’étude de l’esprit rudimentaire de l’homme. Il paraîtrait plus une dégénération de l’homme civilisé qu’un sauvage qui accède au premier échelon dû à sa totale incapacité de s’améliorer. Tout indique qu’il appartient à une de ces races enfantines qui sans jamais s’élever à l’état d’homme, se détachent comme des mailles usées de la grande chaîne de la nature animée” (6). On ne peut dire des choses plus barbares et cruelles. Ce sont des machinations qui n’ont ni le sens commun ni l'appuie de la science. Pour cela, des chercheurs africains et européens ont abordé pendant ces dernières 40 années l’histoire dévoilée du développement humain en Afrique et des différentes dispositions, comme le signale de manière précise Davidson dans ses documents, sous lesquelles les blancs depuis l’antiquité, considéraient l’Homme Noir jusqu’à nos jours. Les oeuvres de cet auteur ainsi que celles du Professeur Ki- Zerbo sont à consulter obligatoirement et sont un vrai régal de l’esprit. Parmi les hispanophones, les formidables travaux du professeur Ferrán Iniesta et d’autres jeunes Africanistes espagnols sont indispensables. (7)

Encore au risque de démystifier les célèbres explorateurs européens qui ouvrirent la géographie africaine aux yeux des leurs contemporains du XIXº siècle, nous ne douteront pas à récupérer les expressions racistes et erronées qui en grande partie ont motivé leurs indubitables prouesses. Souvenons- nous de Sir Samuel Baker qui, en 1865, donna une opinion très étendue en Europe se référant aux peuples Dinka du Haut Nil: “ Ils sont inférieurs aux animaux: leur nature n’est pas même comparable à celle du chien... ils manquent de gratitude, d’ amour et de compassion” (sic) (8). Pourtant les Dinkas sont l’un des peuples les plus importants parmi les groupes Nilotiques. La taille moyenne des hommes est de 1,90m. “ Il a un caractère généreux, ouvert et jovial”, le dit Leo Salvador qui renchérit “ tout son effort imaginatif se trouve dans ses apparats masculins et féminins. Cependant, la narration est très importante; celle qui évoque l’histoire de sa tribu et de ses héros. Ils apprécient la famille et ont beaucoup d’enfant” (9). Les tatouages profonds qu’ils portent autour de la tête sont caractéristiques de la puberté, comme signe de valeur et de capacité d’assumer le défi de la nature hostile dans laquelle ils développent leur vie bergère depuis des siècles.

Ils ont des profondes croyances religieuses et soutiennent que la loi morale vient donnée par Dieu, créateur du monde, et que toute faute contre la famille contre la communauté ou la nature doit être expiée volontairement au risque d'être passible d’une punition. Ils sont non- seulement célèbres pour leurs peaux noirs foncés et parce qu’ils teignent en rouge leur cheveux crépus, mais par l’habitude de reposer une jambe sur une autre en s’appuyant sur une lance pendant qu’ils gardent leurs troupeaux. Nous l’avons aussi vu chez les Massai. C’est aussi caractéristique la massue de bois dure munie d’une manche de 80 centimètres qui sert d'arme et d'objet rituel. Il y a une tradition invétérée chez les Dinkas très significative: dans sa démocratie ancienne, aucune famille n’est autorisée à posséder plus de biens que ceux que possédent les autres familles. (Como la tierra es muy pobre es preciso que alcance para los ganados de todas las familias). L’on ne conçoit pas la propriété de la terre et de la même façon chez les Pokot qui vivent en terre Kenyane, leurs lois sont plus basées sur l’idée de compensation que de rétribution. (10)

C’est alors nécessaire de remarquer que les découvertes géographiques et scientifiques des européens, les affirmations tendancieuses, sociologiques et culturelles naissantes de l’ignorance sur les cultures des peuples africains et des préjugés se sont basées sur l’impérialisme qui les animait et les soutenait (11). Ce ne fût pas ainsi quand ils entreprirent la conquête de l’Inde, de la Chine, du Cambodge, de la Thaïlande, du Laos, de la Malaisie, de la Mésopotamie ou de l’Egypte pour ne citer que quelques uns bien notoires. Mais il est inadmissible qu’encore dans notre siècle, on soutiennent des théories qui émanent de préjugés démontés par des écrits historiques, de phénoménologie, de sociologie, d’anthropologie, et de nombreuses autres sciences qu’aujourd’hui il serait inconcevable d’ignorer. Et si ces préjugés conditionnèrent des attitudes perverses, la raison et la justice obligent à réparer des affirmations qui informent des conduites raciales inadmissibles et très nocives. Tel est le but de notre réfléxion dans ce livre sur la trace que l’Europe laissa dans les peuples africains.

Ce sophisme est à la base de tous les documents qui tentaient d’expliquer la conquête, la christianisation, la imposition de la civilisation européene, la colonisation et les protectorats de ces peuples sans distinguer ni respecter les signes d’identité, leurs histoires, leurs cultures, ni le milieu dans lequel ils vivaient. Les appelés protecteurs (comme on le vit à la Conférence de Berlin 1884-85) utilisèrent leurs intérêts économiques et stratégiques tout en ignorant les réalités de ces peuples qu’ils avaient mis à sac et exploité sous diverses formes pseudo-juridiques et maquillées par des expressions de “philanthropie, de mission civilisatrice, christianisation et ouverture de marchés” (12).

Nous partons du fait déjà admis que les difficultées actuelles: régimes dictatoriaux, militarismes, corruption des cadres, crises économiques, guerres civiles et différents désastres écologiques, ont en grande partie leurs origines dans les anées du colonialisme européen (13). Et dans la précipitation forcée aux indépendances de plusieurs États, quelques fois, contre la raison, l’évidence et l’histoire. La considération de l’Afrique comme un sauvage et obscur continent, où la vie est dangereuse, abrutissante et très courte, est un mythe monté par les premiers colonisateurs et explorateurs; et aussi par des nombreux missionnaires ( il suffit de lire les lettres des franciscains depuis la Côte d’Ivoire au XVIII º siècle), pour justifier leur domination. Ce que les envahisseurs étrangers dénoncèrent de superstition, abrutissement et d’ignorance, magie noire et rites démoniaques, est considéré de nos jours par les experts en sociologie, en phénoménologie des religions, en anthropologie, comme systèmes très cohérents et, dans plusieurs cas, avancés en relation avec les cultures où ils exprimèrent leur dialogue avec la réalité cosmique (14).

Dans un monde où les ressources sont limitées et que la lutte pour la subsistance doit prendre en compte les nécessités de l’environnement, la pratique commune était de seulement y prendre le nécessaire et procurer restaurer l’harmonie de la nature. Ce qui en Occident fût une évolution dans la conception de la justice, c’est à dire la loi du talion oeil pour oeil, dent pour dent, dans la société Masai et dans beaucoup d’autres de longue tradition en Afrique, la justice ne se base jamais sur la vengeance sinon sur le rétablissement de l’harmonie sociale vulnérée par un délit. C’est pour cela que les anciens cherchèrent toujours une réparation en nature, c’est à dire des têtes de troupeaux ou de faire des prestations communautaires dans un autre village puisque la peine capitale est presque inexistante. A ce sujet, il est éloquent de prendre en compte une maxime des Bemba, de Zambie: “Il est bon de trouver un nid d’abeilles dans la forêt et encore mieux en trouver deux; mais si on en trouve trois, c’est de la sorcellerie”. Cela est réprimé par la communauté à cause de la cupidité parce qu’on comprend que le fait d’avoir trouver deux nids et de continuer à chercher un troisième pour s’en approprier du contenu de miel qui correspondrait à une autre personne, cela est synonyme d’acte avec un cœur impure. Cela était dominé dans son langage traditionnel par le terme sorcellerie.

Le fait de généraliser parmi les européens que dans les sociétés pré-coloniales le caciquisme était maître de lieux, ainsi que la soumission au roi ou au chef de la tribu, est erroné. Même le concept aussi absurde et généralisé de tribalisme de nos jours s’utilise avec beaucoup de prudence et de rapprochement à la réalité qu’a connu des instances supérieures et antérieures à la tribu; c’est plutôt un terme coincé par les colonisateurs pour cacher leurs ignorances des langues, des croyances et des codes de conduites des sociétés, quelques fois, très évolués avec le control et les équilibres de pouvoir pour contrôler l’exécutif. La participation populaire dans la prise de décision était plus grande que ce qui avait été dit. Les chefs rendaient compte et pouvaient être déchus et sanctionnés en conformité avec les codes établis (16). En général, on entend par le mot tribu un groupe de personnes ou familles parlant la même langue, qui se reconnaissent en un ancêtre commun et qui sont unis par des relations de parenté, bien que quelques fois, il est précepteur de chercher épouse dans un autre clan pour maintenir des tissages d’alliances solides. Comme cela se passe chez les Fangs qui est l’un des groupes Bantous les plus puissants et les plus nombreux qui surpasse les vingt et cinq millions de personnes et qui s’étendent depuis le Cameroun en passant par la Guinée équatoriale et le nord du Gabon.

Si méthodologiquement il est utile de classifier les peuples africains par leurs troncs communs en Bantou, Nilotiques ou Soudanais, il faut signaler que le métissage a été continuel pendant des siècles et que, les uns les autres, se sont enrichis et influencés mutuellement. C’est une erreur très grave que de parler « des noirs » ou « des africains». Nous pouvons tenter de suivre par le biais du langage, des traits physiques, des traditions religieuses et des coutumes par contre toujours ouvertes aux multiples influences parce qu’il n’existe ni d’ethnies pures, ni naturellement une unique race noire. Il n’y a qu’une seule race humaine. Nous partons du fait que dans le continent africain on rencontre des Négroïdes (pygmée), les Bushmen, et Hottentots (ou groupes de parler click à cause du claquement lingo-palatal qu’ils émettent en parlant), les Chamites (qui pénétrèrent depuis l’est et se distinguent par les libyens, berbères et touaregs, d’une part; et les égyptiens, les amhara et somaliens d’autres parts), les sémites (des arabes qui pénétrèrent comme conquérants à partir du VIIº siècle) sans compter les asiatiques et européens. Léo Salvador, dans sa didactique de synthèse que nous suivons, parle des grands groupes de noirs: les noirs et les Nilo-Chamites (17).

Les qualifiés de noirs sont ceux qui représentent la grande pureté en ce qui concerne les caractéristiques de ladite race noire qui se divise en deux groupes: Les noirs soudanais qui occupent la frange subsaharienne qui va de l’Atlantique à la Mer Rouge (malinké, wolof, haoussa, sénoufo, dogon, sara, bambara, azande, et mangbetu; les peuples arabes et berbères mélangés entre eux ont donné lieu aux peuls et songhaï) et les noirs guinéens qui s’étendent sur tout le long de la côte depuis la Guinée au Congo (kissi, bassari, yoruba, ewi, ibo et ashanti). Puis il y a les Nilo-chamites qui sont le résultat du brassage entre les uns et les autres. Ils se divisent en trois grands groupes: nilotiques (Dinka, Acholi, Nouba, Shilluk, Nuer et Batutsi), Nilo-Chamites (masai, turkana, samburu, borana, rendile, pokot et karimoyon) et Noir- Chamites ou Bantous qui est le groupe le plus nombreux et plus reparti dans tout le continent qui surpassent la centaine de million et parmi lesquels font partie les fang, luba, bemba, bahutu, meru, kikuyus, zulu, shona, xhosa, ndebele, sotho macua, makonde et herero, entre autres.

N’importe quelle simplification est impertinente et est source de toute classe d’erreurs et d’injustices, cependant je suis d’accord avec Léo Salvador quand il met en relief certains éléments culturels très caractéristiques qu’il est nécessaire d’avoir à l’esprit avant de procéder à toute classification: Un contact étroit avec la nature. Ils vivent en harmonie avec elle et ne sont pas esclaves de la technique. Suprématie du social et du communautaire face à l’intérêt individuel. Expression orale qui a comme instrument principal la parole et comme archive la mémoire. Le sens du sacré. Leurs traditions reflètent une vision religieuse du monde. A côté de cela, j’ajouterais une sensualité naturelle doublé d’un rythme inné et une joie qui s’exprime avec la même spontanéité que les autres émotions.

Le système de tribus de différentes ethnies a été commandité par les colonisateurs eurpoéens dans le but d’opposer les peuples entre eux et de pouvoir mieux les dominer (18). Jusqu’à nos jours nous avons assisté à ce processus couronné par l’apartheid en Afrique du sud (19) et les massacres ethniques du Rwanda, Burundi, Uganda et Zaïre (20); sans oublier les affrontements entre d’autres peuples sous l’égide de bâtards de guerre (certains les appellent seigneurs) soutenus ou abandonnés, selon leur utilité du moment, par les puissances, aujourd’hui les grandes entreprises qui ont remplacé les métropoles dans le sal boulot de conserver leurs intérêts. Comme le général De Gaules intima son gouvernement, l’Angleterre et la Belgique les siens et le Portugal devrait oeuvrer pour maintenir sa tyrannie de terre brûlée presque jusqu’ la fin de ce siècle. Aujourd’hui nous pouvons suivre avec clarté méridienne la ligne des intérêts des grandes compagnies comme Elf Aquitaine, Angloamerican, Chevron, Shell, Total, et Gulf en suivant seulement la cadence des conflits qu’ils n’ hésitent pas à nous les énumérer. Feu Kabila négocia avec les représentants des grandes compagnies diamantaires, minières, d’hydrocarbure et de off-shore sud-africaines lorsqu’il était encore à Lubumbashi, au Katanga, nonobstant qu’il manquait de personnalité juridique et de titularité politique pour obliger et compromettre un pays dans lequel il n’était que chef d’une faction rebelle. Les hémérothèques et vidéothèques sont encore fraîches avec les preuves de ces mascarades soutenues par les grandes puissances et dont l’illégitimité n’a osé être dénoncé pas même par les Nations Unies (21). À l’aube de la première décennie du XXIº siècle, nous assistons à des génocides et à des crimes de guerre (Sierra Leona, Liberia, Guinée Conkry) avec la complaisance et parfois même l’aide des héraut mondiaux de la justice et du droit. La Russie, la Chine et les dictatures du socialisme réel sont aussi coupables que les démocraties occidentales pour son silence criminel et responsable... dans le but d’obtenir qu’on n’enquête pas leurs attaques systématiques aux droits humains (22). C’est celui là un marché d’influences où les “actifs” sont des silences réciproques et interchangeables.

Ce fût le commerce des esclaves qui rompit et détruisit la majorité des ces traditions et qui proportionna des rifles et l’ambition pour soutenir le pouvoir des chefs cupides qui montèrent des guerres d’extermination avec leurs voisins. L’esclavage était connu dans le monde entier (Chine, Inde, Mésopotamie, Egypte, Grèce, Rome, etc.) mais à grande échelle et comme moyen d’enrichissement au compte de génocides systématiques, il fût introduit par les arabes musulmans à l’est de l’océan indien, à travers les actuels Kenya, et la Tanzanie; et à leur tour par les européens chrétiens dans l’ouest atlantique, par le Sénégal, la Côte de l’Or aussi appelée Côte des esclaves (Ghana, Togo, Bénin) et le Cameroun, le Congo et l’Angola (23). Dans un journal de la Côte d’Or l’on puvait lire en 1900 « L’ancien esclavage est mort mais un esclavage plus sutil peut prendre sa place. Ce que le capitalist exige par tout c’est une main d’oeuvre bon marché et docil ». En encore un poete africain plus au nord mettait noir sur blanc « A sun of disaster has risen in the West/ Glaring down on people and populated places./ Poetically speaking. I mean the catastrophe of the Christians./ The Christian calamity has come upon us./ Like a dust cloud... »

La mission des colonisateurs européens et l’argument clé, encore des missionnaires et explorateurs aussi humanitaires que Livingstone et John Kirk, était les fameuses trois C: Civilisation, Christianisme et Commerce qui dépossédèrent les peuples africains de leurs terres et de leurs moyens de subsistance ancestraux, avec lesquels ils vivaient sans faim et sans exploitations massives sinon avec une économie basée sur l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et des formes de commerce adéquates à leurs nécessités. Ils les déracinèrent aussi de leurs cultures, de leur histoire et de leurs traditions. Les colonisateurs blancs les considéraient, selon les mots de Kipling, “vos nouvelles proies, ces pauvres peuples mi- démons et mi-enfants”... “créatures inférieures” qui avaient besoin d’être civilisés par l’homme blanc ». Cela était la fameuse “dure charge de l’homme blanc” (Take up the White Man’s burden/ Send forth the best ye breed/ Go, bind your sons in exile/ To serve your captives’ need;/To wait in heavy harness/ On fluttered folk and wild,/ Your new-caught, sullen peoples,/ Half-devil and Half-child»).

Pour cela, pour qu’ils puissent être civilisés on les expulsa de la forêt, ils furent regroupés dans des villages artificielles et puis dans des villes, selon les besoins commerciaux, des mines et de l’industrie des colons. On leurs arracha la langue ancestrale, ont les mit des vêtements bizarres et il leurs fût imposée une mentalité encore plus bizarre qui appartenait au monde des envahisseurs européens et qui rentrait en collision avec leurs traditions séculaires en produisant des déracinements d’incalculables conséquences. Mentalité truquée et naturellement trahie car le manque de morale avec laquelle ils exerçaient était en entière contradiction avec les idées qu’ils les prédisaient. Comme il allait le dire, des années plus tard, Jomo Kenyatta “Ils sont venus avec la bible et nous avions les terres. Maintenant nous avons la bible et eux possèdent nos terres” (24).

Les européens ont utilisé les natifs sans les consulter auparavant, pour lutter en défense des intérêts des conquérants comme char de canon pendant les deux Guerres mondiales. Ils luttèrent et moururent de froid dans des effroyables fronts européens et orientaux où ils étaient utilisés comme porteurs. C’est ainsi qu’il ont été immortalisés par le monument Al Askari à une place de Dar Es Salam, sur lequel l’on peut lire: “à la mémoire des natifs des troupes africaines qui combattirent: aux porteurs qui furent les mains et les pieds des armées; et à tous les autres hommes qui servirent et moururent pour leur roi et pour leur pays en Afrique de l’est durant la Grande guerre de 1914- 1918. Quand on a lutté pour son pays, même quand on a perdu la vie, vos enfants se rappelleront de votre nom”. Alors qu’est ce que c’est bien, autrefois ils étaient obligés à porter des défenses d’éléphant, de l’or, de l’huile de palme, de l’ébène... puis il creusèrent dans les mines sud-africaines (cela est très récent; près d’un million de mozambicains devaient passer la frontière pour travailler et recevoir un salaire misérable sous peine que le gouvernement raciste sud-africain cesserait d’acheminer des marchandises à travers le port de Maputo, en obstaculisant ainsi la fragile économie colonialiste portugaise). Maintenant ils ont été immortalisés pour avoir lutté au nom de leur Roi et au nom de leur pays... l’Angleterre.

Ils ne faut pas oublier que les sanglantes guerres civiles d’Angola et du Mozambique, heritage de 300 ans de colonisation du Portugal, ont été patronnées par les anciens colons portugais qui se sont installés en Afrique du sud dans l’attente de retourner à leurs anciens domaines. Tel semble être ainsi le cas à présent après avoir aidé à faire avorter les possibilités que les régimes des nouvelles nations indépendantes avaient d’évoluer, une fois les erreurs corrigées des dérives naturelles que tout processus d’indépendance dans toutes les nations du monde avaient avec soi. Qu’est ce qu’on oublie si vite les luttes et longues péripéties pas peu sanglantes, des nations européennes, américaines et asiatiques dans la lutte pour l’indépendance et pour son établissement comme états souverains! L’étude du processus de l’indépendance de la nation américaine ce qui ne fait même pas deux siècles, est plein de suggestions. L’Allemagne et l’Italie sont d’hier, et ne parlons pas du Japon et des miraculés états dragons asiatiques qui se sont fait du jour au lendemain et qui montrent la corruption sur laquelle elle établit le faut “miracle économique de son développement”. Les jeunes états africains n’ont pas été préparés pour les indépendances; bien avant ils ont été maintenus dans la dépendance des pouvoirs économiques et militaires des anciennes métropoles (26).

Mais dans ces guerres lointaines, auxquelles il furent envoyés à défendre des intérêts qu'ils ne comprenaient pas et que ni les affectaient, ils virent les blancs anglais et français courir devant les armes de leurs ennemis allemands (et à l’enverse) et ne l’oublièrent pas au moment de le faire avec des armes similaires. Pour cela, leurs dominateurs se sont empressés de les enclaver dans des schémas rigides d’état- nations, avec une bureaucratie au service du pouvoir centralisée, avec une armée de avalanche et corrompu par les mêmes qui continuèrent de leurs vendre des armes en contrôlant leur économies, qui n’avaient pas du tout montées en accord avec les réalités et les nécessités des peuples, mais avec les nécessités et les intérêts des anciennes métropoles. De ce fait, elles agissaient à travers des sociétés anonymes dont les intérêts coïncidaient avec ceux de l'ancien pouvoir dominant.

S’il faut l’exprimer ainsi: avec les indépendances construites de cette façon, avec autant d’onéreuses servitudes qui les ont emmené à s’endetter sans cesse jusqu’à des limites insupportables, et sans que les bénéfices de ces dettes se ressentent positivement sur les populations, la situation de ces peuples auparavant colonisés et aujourd’hui amalgamés entre frontières monstrueuses qui ne reflètent ni les régions naturelles ni les cultures traditionnelles, ce fût encore plus triste que pendant la colonisation, et il faut le dire! Parce qu’alors le colon européen se chargeait à ce qu’elle ne périssât pas, même si c’était seulement pour qu’il continuèrent de produire pour la métropole. Il suffit seulement de vérifier les guerres qu’il eût pendant la colonisation et les masacres d’extermination qui continuent de nos jours sous l’indifférence mondiale qui se charge de sauver les apparences avec des aides sporadiques sous forme de crédits FAD (Fonds d’Aide au Développement) qui créent des dépendances atroces et qui occasionnent une corruption de plus en plus institutionnalisée (27).

Dans la lutte pour la modernisation des nouvelles nations on se rendit compte que les anciens colons n’avaient pas préparé de cadres suffisants, de médecins, d’ingénieurs, d’instituteurs, d’infirmiers, qui soutiendraient l’échafaudage des états naissants. Les chiffres du personnel qualifié parmi les autochtones de chaque pays au moment des indépendances est d’autant plus que scandaleusement réduit ou inexistant si bien que l’histoire devrait demander des comptes pour ce délit d’omission coupable de ses puissances qui se proclamèrent “protectorats titulaires et philanthropiques responsables du développement et de la civilisation de ces peuples”, mises très souvent sous leurs tutelles par des Organismes Internationaux. Pour ces délits personne n’a osé demander des comptes aux puissances européenes qui ont dominé, il y a de cela quelques décennies, des millions d ‘être humains pendant qu’ils s’approprièrent jusqu’à l’exténuation des richesses agricoles et de bois, minerais, et humaines de ces pays. Que s’est il passé? Eh! Bien. Dans l’euphorie de l’indépendance, les leaders africains croyaient que l’enthousiasme effacerait les déficiences et promettaient l’éducation, la santé, le bien être et du travail pour tous... moyennant des révolutions remplies d’idéalisme à la recherche d’une utopie qui n’était pas possible à cause de la disproportion de l’engagement, la carence des moyens, la saignée d’une dette incessante, le manque de personnel préparé, la dépendance de l’ancienne métropole qui seulement s’était préoccupée d’exploiter les matières premières sans se soucier de les manufacturer sur place, et aussi la dépendance dans le transport et dans les réseaux de commercialisation, les coûts sociaux, la reconversion de l’économie... et la pression des intérêts extérieurs qui ne voulaient pas de nations autonomes sinon dépendantes par tous les moyens, même les plus corrompus et avilies des ventes d’armes et de guerres “de design” (28).

Ce ne fût pas possible l’indépendance sans traumatisme, ce ne fût pas possible d’établir la paix, mais là bas sont restés présents les efforts de titans de l’indépendance, de l’autonomie et de l’Unité Africaine comme Kwamé N’krumah (Ghana), Léopold Sedar Senghor (Senegal), Thomas Sankara (Burkina Faso) (29), Jomo Kenyatta (Kenia), Kenneth Kaunda (Zambie), Nelson Mandela (Afrique du sud), Patric Lumumba (Congo), Samora Michel (Mozambique), Agostinho Neto (Angola), A. Cabral (Guinée Bissau), Silvanus Olimpio (Togo) et le même Sékou Touré (Guinée Conakry) au principe, de Julius Nyerere (Tanzanie) dont les écrits et les discours (30), les efforts de cyclope attendent des moments plus sereins pour être étudiés et pondérés dans toute sa grandeur. C’est impossible que d’aussi grands hommes aussi engagés dans la cause de l’entendement des peuples d’Afrique se soient trompés dans ce sens. Cette sérénité et cette force illuminatrice de ce grand africain qui vivait en Tanzanie jusqu’à l’année derniére brille encore comme un exemple d’honnêteté et de dévouement désintéressé, je me réfère à Mwalimu Julius Nyerer, La conscience de l’Afrique noire, à qui l’histoire doit reconnaître la grandeur de l’effort et lui demande la réflexion de son expérience avant qu’il ne soit trop tard.

Mais changer de maître ne signifie pas être libre. Les nouveaux dirigeants africains qui ont pris le pouvoir ont été formés dans les écoles des anciens colons européens. Et aussi dans certaains pays communistes, tels l‘URSS, la Chine, Cuba, la Rumanie et bien d’autres. Ils durent conduire un véhicule avec des instruments inadéquats et ont terminé par labourer leurs fortunes personnelles et celles de leurs familles. Cela encouragea le tribalisme et beaucoup agirent comme des poupées et prête-noms d’intérêts étrangers. Les gouvernements improvisés furent remplacés par des dictatures militaires et tous sont passés par l’expérience néfaste du parti unique.

La crise économique s’abattit sur les pays africains avec une précision calculée. L’état nation n’apporta pas, avec la libération, cette société d’égalité et d’opportunité tant voulue pour tous (31). Ce fût un échec pour le système, le modèle n’a pas été adapté, les villes ont grandi de manière monstrueuse avec les séquelles du chômage, de la criminalité et du désespoir. L’agriculture ne s’est pas développée de manière adéquate, les pays n’ont pas été industrialisés en accord avec les priorités. L’éducation s’enquilosa et la santé connu ses heures les plus dures. Le système économique mondiale maintint le continent africain comme une réserve et source d’approvisionnement des matières premières qu’elle continuait d’avoir besoin pour garder son consommateur model de développement, présenté de façon paranoïaque par le soi-disant “premier monde” comme panacée à imiter. Sans reconnaître l’évidence selon laquelle sa survie se fait grâce à l’exploitation des ressources du mal appelé tiers monde, ou encore pire pays en voie de développement (32), du quel?

Selon le point de vue des marchés financiers dominés par l’Europe, les EEUU et le Japon, l’Afrique n’existe pas. C’est un éternel perdant et sa dette ne peut qu’augmenter car son service est plus élevé que le produit intérieur brute de plusieurs pays. C’est de la folie collective, de l’absurde qui s’enroule dans une spirale imparable et détériorée, d’aliénation et de mort. Les guerres se succèdent, les coups d’états et les exterminations de centaines de milliers d’êtres humains passe sans réserve devant l’opinion publique à travers les moyens de communication. La conclusion tirée et induite est “qu’ils sont sauvages, qu’ils ne sont pas préparés et qu’ils ont besoin d’aide, qu’ils ne peuvent pas être démocratiques, et que ces barbares sont un danger pour la sécurité de l’empire du nord...”

Peut être que la nuit est arrivée à la moitié de son cours et que dans le comble de l’abaissement et de l’humiliation, se trouve la lumière d’une nouvelle aube pour ses peuples d’Afrique riches en êtres humains, en cultures et en traditions, en langues et en arts, en sagesse et en richesses naturelles. L’Afrique est l’un des continents qui le plus promet avec sa plus grande réserve de tout genre, même avec les critères anachroniques d’industrialisation occidentale qui arrive au crépuscule. Dans ses propres entrailles se trouve l’espoir de ce continent avec la géographie la plus varié et avec les peuples les plus riches et plurielles du monde (33). Ses leaders ne peuvent plus continuer à culpabiliser les anciennes colonies. Eux, les Africains d’aujourd’hui, sont les responsables de leur propre avenir. La Renaissance ne s’est pas terminée avec le crépuscule du Moyen Âge, ses hommes devraient imaginer une nouvelle société avec de nouveaux instruments. L’Âge Moderne n’a pas conclu avec l’Ancien Régime à travers la révolution nécessaire. Ce qui fût nécessaire, ce sont les vaillants efforts d’invention et de conception de l’avenir, de s’adapter au nouvelles nécessités, créer des outres pour le nouveau vin. La Révolution industrielle, comme auparavant celle de l’agraire, ne transforma pas la société sans le concours forcé de celle-ci et sans peu de peines, d’erreurs et de guerres, sans peu de fantaisies rompues, d’utopies avortées et de corruption des propres libérateurs. L’enseignement de l’histoire des peuples les plus évolués, équilibrés et progressistes s’est construit à partir de beaucoup d’efforts et beaucoup plus de vicissitudes que la récente histoire africaine d’à peine un siècle.

Il y a lieu d’espoir, c’est possible la renaissance d’une société en marche, plurielle et riche, dynamique qui s’appuie sur les meilleurs de ses traditions et de ses valeurs. Il ne s’agit pas de faire un saut dans le vide et d’imiter stérilement des peuples et d’autres sociétés. Il s’agit d’effectuer un voyage aux propres essences de l’Afrique elle même, et inventer des sociétés nouvelles dans un monde irrémédiablement et splendidement nouveau. Aujourd’hui, à l’aube de la mondialisation sous plusieurs formes avec les instruments techniques fabuleux mis au service des hommes et des peuples, un grand espoir et un lendemain meilleur sont déjà parmi nous. L’art ici c’est de se rendre compte, de se réveiller et d’être conséquents (34).

Maintenant que nous avons reconnu le lourd héritage qu’à laissé le colonialisme et la terrible charge du néocolonialisme masqué par des idéologies néolibéralistes, il n’y a pas de doutes que les dirigeants actuels Africains doivent assumer la quotte de responsabilité inévitable qui les correspond. Beaucoup de ces nouveaux pays ont accédé à leur indépendance il y a plus de trente ans. A condition d’approfondir leur passé créatif et riche, ils pourront dessiner un avenir imaginatif et pluriel sans oublier ce qu’ils ont pu tirer de positif des expériences passées. L’on ne souffre jamais en vain et tout vécu peut enrichir, même si seulement cela nous servirait de nous rappeler par oû l’on ne doit pas marcher de nouveau.

Il faut avoir le courage de reconnaître que l’Etat Nation en Afrique peut se convertir en quelque chose de positif. En fin de compte, cette forme de groupement et d’expression sociale n’a que quatre siècles et, dans beaucoup de pays modernes, n’a pas même plus d’un siècle. Qu’est- ce que cela signifie dans une histoire dix fois millénaire? En Europe l’on assiste à un dépassement de l’État- nation sans nous risquer de le reconnaître une fois pour toutes et de le façonner en de nouvelles formes institutionnelles. C’est parce que nous avons encore peur de l’inconnu et nous accrochons aux institutions déjà caduques et dépassées par les nouvelles technologies, les nouveaux systèmes de globalisation sous tellement de formes qui exigent un ordre nouveau et pluriel adapté aux réalités, non pas de chaque région, mais d’entités régionales ou d’aires géographiques fédérés, décentralisés avec des principes de participation populaire et de nouvelles aides mutuelles, qui dépassent, entre autres, les anachronismes des partis politiques, des syndicats et d’autant de groupes de pression actifs. Comme le dit Robert D. Kaplan “lorsque quelques nations se retirent en se réfugiant dans un nationalisme qui s’avère être presque une forteresse, cela est un stade temporel avant que la marée mondiale de la population et de la pauvreté nous force à nous rendre compte que nous habitons tous une seule Terre qui devient chaque fois plus petite et plus densément peuplée” (35). Il existe des croyances religieuse exprimées de manières obsolètes, il y a des institutions sociales, académiques et culturelles qui se sont converties en échafaudages de pierres de carton. Il est nécessaire d’assumer l’enseignement du passé sans crainte de nous convertir en statues de sel. Nous devons seulement regarder en arrière pour apprendre, soupeser, décanter et garder ce qui est bon; et prendre recul pour un saut inajournable vers l’avant, vers un avenir qui depuis toujours nous a appartenu: “nous ne ferons pas un pas en arrière, pas même pour prendre l’élan”, comme le dit un célèbre personnage politique de nos jours.

Ils existent des aspects très positifs dans la solidarité, dans la responsabilité collective, dans l’aide à soi même et dans la conscience de l’interdépendance entre les peuples, entre les régions et les continents. Le monde s’est converti pour de vrai en un village global dans lequel nous nous savons en relations. Il n’est pas question d’une nouvelle civilisation, et non d’un nouvel âge dans l’histoire: il s’agit d’une mutation qui nous fait protagonistes responsables dans la naissance d’une nouvelle ère. Si nous le voulons, c’est comme une nouvelle Renaissance dans laquelle nous prenons conscience que tout est nouveau mais qui s’appuie, c’est évident, dans un héritage non renonçable de l’histoire. Mais, au lieu d’en nous attacher, nous pousse et nous émeut de façon efficace et créative. Le problème de toute réalité nouvelle, c’est qu’on la perçoit seulement avec la perspective qui définit la distance. Nous vivons déjà dans une nouvelle ère et le fait d’y être immergé, il est impossible de la définir puisqu’on ne pas l’ambrasser. Ce fût pendant la Renaissance et en pleine Illustration que le féodalisme fût formulé comme phénomène sociopolitique. Au Moyen Âge il fût vécu mais c’était impossible de le considérer comme système. Dans les début de la révolution industrielle l’on appellé/considerait d’utopiques ceux qui pressentaient une amélioration des conditions de travail transformées par les nouvelles machines. La Révolution Française engendra le plus grand des despotes de son histoire parce qu’il lui était impossible de digérer et de procéder, on dirait de nos jours, autant d’informations/imputs. Actuellement, nous sommes en train de vivre l’un des moments stellaires de l’humanité avec la révolution informatique, infiniment supérieure aux conquêtes nucléaires qui semblaient nous noyer il y a quelques décennies; et nos enfants se demanderont, avant vingt ans, comment a-t-on pu maintenir l’état actuel des choses dans l’injustice, dans la guerre, dans la faim, l’exploitation, la pollution et dans le presque suicide collectif, lorsque nous possédons déjà les instruments que nous donnent l’information nécessaire pour assumer que nous sommes devant une mutation et qu’il faut réagir avec conscience. Le monde est devenu si petit que nous sommes tous devenus voisins et, comme annonça le jeune Rabin de Nazareth, il est plus probable que nous soyons tous des frères.

Bien sûr que le concept de frontière, tel qu’il a été défini à l’Âge moderne et qui a été imposé aux peuples africains par la colonisation et s’est cristallisé avec les différentes indépendances, ne peut plus être soutenu. Ce concept est dépassé par la réalité des communications, des transports, de la conscience de communauté de langue, de traditions, de cultures et de modes de comprendre et de concevoir l’existence et la cohabitation (36). Il appartient et cela s’impose une unité dans la diversité, dans la richesse de la pluralité universelle. Il est possible d’imaginer, parce elles existent dans la réalité, plusieurs sociétés attachées par des liens de communion et de solidarité complémentaire. Pas d’uniformité. C’est pour célà qui nous semble tellement important de réflechir ensemble à partir des signes d’identité des peuples africains.

La maturité avec des critères endogènes ainsi que des croissances soutenues, une production équilibrée et la coopération globalisée est inévitable. Quel sens y a t-il de maintenir les États-nations artificielles avec des frontières absurdes qui englobent des peuples antagonistes pendant qu’ils divisent des communautés de traditions séculaires? Il y a des peuples comme les Peuls, les Haussa, les Touaregs, les Dioula, les Ashanti, les Ewés, les Malinkés, les Berbères, les Fangs et beaucoup d’autres qui sont divisés en plusieurs États (37). Quel sens de la patrie ou de nation y a t-il, qui pour autant pourrait exiger loyauté? Il ne s’agit pas d’imposer les critères ethniques lorsqu’ils sont excluant, sinon d’affirmer ce qui unit dans la diversité et dans le respect des signes d’identité des différentes composantes des communautés. Ce qu’il faut dépasser ce sont les divisions et les démarcations qui se sont réalisés par critères d’arrogance, de domination, d’exploitation, qui se sont imposés par la force des armes ou de l’extorsion. Daans les Actes des Conférences et des Congrès internationaux figurent comme extraits de naissance d’états contre nature, et dont la substitution par d’autres formes de cohabitation se réaliseront aussi naturellement que la découverte de l’Amérique ou la circumnavigation de la terre, la circulation du sang ou la découverte de l’inconscient.

Ce qui urge c’est que l’Afrique soit réellement autosuffisante pour alimenter ses presque 750 millions d’habitants, artificiellement divisés en 53 états. Entreprendre de manière rationnelle, responsable et en accord avec ses plus profondes traditions, le défit d’une explosion démographique produite, en grande partie, par l’amélioration que les nouvelles technologies, de la médecine et des autres sciences, ont introduit dans les cycles naturelles des populations. Cet aspect positif de la prévention, de la prophylaxie des vaccins massifs des enfants et des adultes doit être accompagné d’une prise de conscience auprès de la paternité et de la maternité responsables pour rétablir l’équilibre de la nature. C’est seulement qu’à partir de l’ignorance, de l’inconscience, ou à partir de l’intérêt bâtard de soutenir les majorités numériques de certaines populations, qu’on peut soutenir cette absurdité de “plus d’enfants mieux c’est”. Cette pratique était nécessaire en économies de subsistance dans lesquelles les bras valides étaient nécessaires, d’autant plus pour compenser la mortalité enfantine et le besoin de se procurer de soutien pour la vieillesse. L’histoire la plus récente démontre que dans la mesure où la femme accède à l’éducation et occupe des postes de travail rémunérés, la redoutée explosion démographique se stabilise (38).

De nos jours il est possible d’entreprendre ces fronts avec une programmation de l’agriculture, aidés par des instruments qui facilitent le travail des êtres humains; les progrès en médecine vétérinaire et en économie rural réduisent les exigences d’élevages extensifs et nomades qui dépendaient exclusivement du régime pluvieux et de la chance quant aux épidémies; les soins des enfants, la prévention des maladies et les possibilités d’extension des couvertures sanitaires à des couches encore plus étendues de la population. Aussi bien que le besoin de la protection des anciens fait nécessaire d’être conséquent dans la façon de poser la famille traditionelle en l’adaptant aux exigences actuelles. On ne peut pas avancer dans une seule direction sous peine de produire des entités monstrueuse. La croissance de la population dans le continent africain de 3%, est l’une des plus élevées du monde. Il est impossible de continuer à maintenir cette incongruité actuelle selon laquelle le continent africain avec plus de possibilités d’économie rurale et de piscicultures dans le monde entier doit continuer d’importer des aliments pour un de chaque cinq habitants (39).

Ce qu’il faut faire, c’est de reconvertir l’agriculture, l’élevage et l’industrie de la pêche pour produire des matières premières qui intéressent les pays du nord et qui sont payées à des prix imposés, de façon discriminatoire, et, très souvent avec des excédents de production des pays industrialisés. Il est nécessaire de réorganiser l’auto ravitaillement alimentaire des peuples dans les différentes régions d’Afrique avec une économie interdépendante, globale, équilibrée et solidaire; au même temps que se développe un vaste échange commercial entre les pays du sud. Ceci est un aspect fondamental pour la croissance de ces peuples: arrêter de regarder et de dépendre du Nord et développer la coopération entre les pays des différents aires géographiques en arrivant à établir “des marchés communs” et des projets de développement harmonieux et compensés.

Il faut affirmer que l’Afrique est encore relativement sous-peuplée face à d’autres continents; et il est temps de cesser de la considérer comme la “réserve écologique et le poumon de l’humanité”. Chaque mât doit être à mesure de supporter sa voile et nous devons tous coopérer dans une distribution équitable des charges et des bénéfices dans les débats sur la conservation des Parcs naturels en ce qui concerne les espèces d’animaux sauvages. Parmi ses convenances incontestables, il est obligatoire de poser des garanties, dans sa gestion et dans la participation des bénéfices de la part des populations affectées. Il ne faut pas accepter, et sans plus, la déclaration des “espèces protégées”, de la part des organismes contrôlées par les pays du nord qui n’ont pas su ni protéger leurs espaces ni leurs espèces et qui continuent de polluer leurs forêts, leurs fleuves, leurs côtes et la couche d’ozone de la planète Terre pour pouvoir se régaler dans des safaris photographiques et cynégétiques «parce qu’ils peuvent se les payer” alors que les populations de ces zones sont poussées vers des terres moins fertiles sans participer, comme il leur correspond, à la gestion de leurs ressources. Il n’est pas admissible l’extension agricole en zones qui sont traditionnellement d’élevage parce qu’elle convienne aux intérêts étrangers qui en ont besoin pour produire des produits correspondants à leurs marchés. Sans tomber dans la démagogie et non plu dans des réductionnismes simplistes, il y a ici un vaste terrain de possibilités qui n’ont pas été prises en compte lorsque l’unique critère était la plus grande rentabilité pour les colons et les puissances dominatrices de l’Europe qui encore continuent d’employer l’effroyable concept d’ «exploitation” des ressources naturelles. Quiconque accepte l’"exploitation” des ressources naturelles finira “par exploiter” tout naturellement les “ressources humaines”. Les êtres humains ne pourront jamais être considérés comme des “ressources” qui ont un prix. Cela est une aberration. Le marché ne sera jamais synonyme de liberté authentique sans le respect de la dignité des personnes, s’il pratique la violence. Celà veeut dire s’il viole la dignité humaine (40).

Ils existent des possibilités inédites et incommensurables dans le domaine de l’agriculture, de l’élevage, de la chasse et de la pêche, du développement et de la promotion des industries de conserves, laitiers, de transformation et de manufacturation dans des domaines qui créeront des emploies, qui amélioraient les rendements, l’échelonnement et la complémentarité des productions, de la distribution des bénéfices, de la conservation des ressources, etc. Ils existent des projections inimaginables, mais possibles; puisqu’elle le sont techniquement et les problèmes son résolus d’avance. Il suffit de les appliquer avec un critère généreux, techniquement valide, professionnel et avec des critères de productivité à la fois modernes et écologiques. Et même avec des critères d’intérêt particulier comme le préconisent les neolibéraux, puisque la survie de l’espèce humaine est en jeu: nous avons maintenant conscience et des données sûrs pour affirmer que nous allons dans le même bateau. Il n’y pas lieu de se régaler en première classe lorsqu’il y a de l’eau à flots dans la coque du vaisseau.

José Carlos Gª Fajardo